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Les fusions-acquisitions en 2018 en Turquie

En 2018, le montant des transactions de fusions-acquisitions poursuit sa progression pour atteindre 12 Mds USD.

Les montants des transactions dans les services financiers ont cette année devancé ceux dans l’énergie, et l’Europe se voit dépasser par le Golfe en tant qu’investisseur le plus actif. Les Emirats Arabes Unis réalisent ainsi la plus importante acquisition de l’année, avec la cession de Denizbank à Emirates NBD Bank pour 3,2 Mds USD.

Une reprise confirmée après la contre-performance de 2016

En 2018, les fusions-acquisitions en Turquie ont représenté 256 transactions, pour un total de 12 Mds USD. L’activité a ainsi confirmé, en valeur, la reprise initiée en 2017 (295 transactions pour 10,3 Mds USD), après une année 2016 en net recul (246 transactions pour 7,3 Mds USD). Pour autant, le montant total de transactions demeure nettement en-deçà de ceux du début des années 2010 (montants annuels supérieurs à 15 Mds USD).

Suivant la même tendance, en 2018, le montant moyen par transaction poursuit sa progression (de 30 M USD en 2016 à 35 M USD en 2017 et 47 M USD en 2018). La plus grosse opération a été la cession de Denizbank à Emirates NBD Bank (EAU), représentant 3,2 Mds USD et 27% de la valeur totale des transactions. La valeur des transactions de fusions-acquisitions a représenté 1,6% du PIB turc.

Des transactions dominées en valeur par les services financiers et par une progression des privatisations

Après un recul continu de cinq ans de la part des mouvements de privatisation dans la valeur totale des transactions, celle-ci se redresse quelque peu pour atteindre 8% en 2018 (soit 1 Md USD). Le nombre de transactions dans le cadre de privatisations (18) confirme lui aussi la hausse initiée en 2017 (11). Contrairement à 2017 où elles étaient concentrées dans le secteur de l’énergie et des infrastructures, celles-ci concernent cette année essentiellement l’agroalimentaire (dans le cadre du controversé plan de privatisation des usines sucrières, représentant un total de 733 M USD).

En 2018 comme en 2017, le dynamisme des investisseurs de type capital-risque/angels explique que le nombre de transactions soit dominé par la technologie et les services mobiles/Internet, qui ont représenté 37% du total l’an passé. En valeur toutefois, les services financiers ont généré le plus de transactions (3,2 Mds USD, contre 1,1 Md USD en 2017), loin devant la logistique et les transports (1,2 Mds USD). On relève le net recul des transactions liées à l’énergie (400 M USD, contre 2,3 Mds USD en 2017) et aux infrastructures (616 M USD, contre 1,2 Md USD en 2017).

La valeur des transactions d’origine étrangère se redresse et est dominée par le Golfe en 2018

Après avoir régulièrement progressé jusqu’en 2017 (25%), la part des investisseurs financiers dans la valeur totale recule nettement en 2018 et chute à 8%. A l’inverse, la part des transactions d’origine étrangère progresse pour atteindre 63%, contre 53% en 2017.

Après un record historique en 2017 (146), le nombre de transactions par des investisseurs financiers est retombé à 105, soit 1 Md USD. Parmi elles, 78% relèvent d’activités de capital-risque/angels (centrées sur les secteurs de la technologie, du commerce en ligne ou des services mobiles), qui ne représentent toutefois que 6% en valeur. A l’inverse, et même s’ils représentent 84% des investissements financiers en 2018, les mouvements de private equity sont en baisse en volume (de 71% en 2013 à 12% en 2018).

Les investissements étrangers ont décru en volume mais pas en valeur (+45% sur un an) ; ils ont constitué 53% de la valeur totale et 23% du volume total. Les investisseurs étrangers sont ainsi responsables des plus importantes transactions en valeur, correspondant à près d’un tiers de la valeur totale. Le nombre de transactions menées par des investisseurs européens ou du Golfe est stable (respectivement 36 et 9 transactions) entre 2017 et 2018, tandis que le nombre de transactions par des acteurs des zones Amérique du Nord et Asie-Pacifique progresse (atteignant respectivement 16 et 13 transactions en 2018). L’évolution en valeur met quant à elle en lumière l’important recul des investissements européens (29% du total, contre 55% en 2017) et, à l’inverse, la forte progression des investissements du Golfe (45% du total, contre 4% en 2017).

Les Européens ne sont donc plus les investisseurs les plus actifs. En volume, les Etats-Unis dominent les investisseurs étrangers avec 15 transactions, devant les principaux pays européens. Encore deuxième investisseur en volume en 2017, la France se fait désormais devancer par l’Allemagne, l’Italie et le Royaume-Uni. En valeur toutefois, les investissements sont dominés par les EAU (35% du total, dont 3,2 Mds USD pour l’acquisition de Denizbank par Emirates NBD Bank), loin devant le Danemark (13%, dont 1,2 Md USD pour l’acquisition de UN Ro-Ro par DFDS) et Taïwan (7%, dont 640 M USD pour la prise de participation de Taiwan Cement Corporation dans Oyak Çimento).

En 2018, le ratio valeur de transactions/PIB poursuit sa progression (0,8% en 2016, 1,2% en 2017, 1,6% en 2018) mais demeure nettement en-deçà de la moyenne mondiale (5,2% en 2018), ce qui souligne l’importante marge de progression pour l’activité de fusion-acquisition en Turquie. Les turbulences macroéconomiques, tant à l’échelle mondiale que nationale, sont de nature à freiner la dynamique d’investissement, en dépit du potentiel structurel de la Turquie qui devient en pratique un marché d’acheteurs. Le dynamisme des fonds de capital-risque/angels ainsi que l’annonce d’un vaste plan de privatisation (notamment dans le secteur de l’énergie, et en premier lieu de la mine de charbon d’Eskisehir dont la cession a déjà été repoussée à plusieurs reprises) devraient alimenter l’activité en 2019.

 

Source : Service Economique de l’Ambassade de France

 

 

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