La Turquie est en quête d’indépendance énergétique et investit massivement dans l’énergie éolienne

Le 16 février, le président de la République Recep Tayyip Erdoğan a déclaré que la Turquie va réduire sa dépendance envers les sources énergétiques étrangères, rapporte le journal Hürriyet. Cette déclaration intervient alors que le chef de l’État tenait un meeting dans le cadre de la campagne pour les élections municipales du 31 mars prochain dans la province d’Edirne, au nord-ouest de la Turquie. « En 2017, notre production d’électricité à partir de sources d’énergie domestiques s’élevait à 45 %. Aujourd’hui, elle a atteint 60 % », a assuré le président. Il a également rappelé que la Turquie a récemment découvert de nouvelles réserves de gaz en Thrace orientale, où se trouve notamment la province d’Edirne, qui s’élèveraient à trois milliards de mètres cubes selon les estimations. Ceci devrait permettre de doubler la production de gaz naturel du pays. « La production est assez importante pour couvrir la consommation de 300 000 ménages sur une période de dix ans », a-t-il ajouté.

 

La Turquie bénéficie de ressources énergétiques domestiques limitées. Dépendante des importations énergétiques, le pays alloue des sommes considérables chaque année à l’importation d’énergies. Ceci finit par peser lourd dans sa balance budgétaire : ces dépenses représentent la plus grosse part du déficit actuel de la balance courante du pays. Le pays s’efforce de découvrir de nouvelles sources de pétrole et de gaz naturel, d’où des investissements massifs dans les énergies renouvelables et le charbon domestique.

 

Un pays ouvert à la coopération transfrontalière

 

Depuis une vingtaine d’années, la question énergétique a pris une place prépondérante dans les relations internationales de la Turquie afin de répondre à la demande nationale qu’elle ne peut satisfaire qu’à hauteur de 25 %. Ainsi, 99 % du gaz naturel consommé est importé. La grande majorité provient de la Russie (55%), suivi par l’Iran (16%) et l’Azerbaïdjan (12%). L’Union européenne cherche par ailleurs activement à sécuriser son approvisionnement en énergie en diversifiant ses fournisseurs. La Turquie veut en tirer profit en aspirant à être le principal couloir énergétique pour l’Europe du fait de sa situation géographique qui lui permet d’être en connexion directe avec les principaux fournisseurs de la région. Le pays utilise son avantage géographique à travers deux éléments : la navigation par les détroits du Bosphore et des Dardanelles, et la construction d’oléoducs et de gazoducs. Ces détroits constituent en effet une voie maritime internationale dont le trafic croissant est perçu comme une source de richesse. Aussi, les oléoducs Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) et Bakou-Tbilissi-Erzurum (BTE) permettent l’acheminement des hydrocarbures venant d’Azerbaïdjan et du Kazakhstan. Dans cette même perspective, l’UE a signé un accord intergouvernemental supportant un autre gazoduc, le Nabucco, qui relie l’est de la Turquie à l’Autriche. Un accord international avait également été signé en 2006 entre la Turquie, la Grèce et l’Italie pour l’acheminement de gaz naturel vers l’Italie via la Grèce, mais celui-ci a été jeté aux oubliettes à la suite de la crise économique qui a frappé de plein fouet l’État grec.

 

La Turquie investit massivement dans l’énergie éolienne

 

La Turquie accroit sa part d’énergies renouvelables dans la production d’électricité. Des investissements importants ont lieu dans le secteur de l’éolien. En 2016, l’électricité turque elle était issue pour l'essentiel d’énergie fossile (66,8 %) : gaz naturel et charbon. Les énergies renouvelables assuraient le dernier tiers de la production. A l’horizon 2023, la Turquie souhaite en effet générer 30% de sa consommation d’électricité à partir de ressources renouvelables, malgré la hausse de la demande en électricité. Le pays a choisi de développer le nombre de ses centrales hydroélectriques (avec notamment le projet de construction de barrages en Anatolie du sud-est) mais aussi l’éolien. La production d’énergie éolienne s'est considérablement accrue en Turquie  en quelques années grâce à la mise en service d’éoliennes. L’année dernière, les investissements dans ce secteur ont totalisé 650 millions de dollars, selon le rapport statistique sur l’énergie éolienne 2018, publié par l’Association turque de l’énergie éolienne (TÜREB). L'éolien fournissait 5,7 % de la production d'électricité du pays en 2016, elle a atteint 6,78% en 2018. Entre-temps, le nombre de centrales éoliennes en exploitation est passé de 164 à 180.Au total, 38% des centrales éoliennes en exploitation se trouvent dans la région égéenne, 33% dans la région de Marmara, 13% dans la région méditerranéenne et 9% dans la région de l’Anatolie centrale. C’est la province d’Izmir qui occupe la première place en termes de production, avec 1.405 MW, suivie de Balıkesir avec 1.123 MW et de Manisa avec 669 MW. La Turquie prévoit de construire un parc éolien offshore dotée d’une puissance de 1.200 mégawatts (MW), qui sera le plus grand au monde et le premier du genre dans le pays. Les appels d'offres ont été remis fin octobre 2018.

 

Sources : Aujourd’hui La Turquie et Le Petit Journal Istanbul

 

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