Turquie : la croissance économique s’est établie à 7,4% au 1er trimestre 2018, portée notamment par la consommation des ménages (+11%) et les investissements (+9,7%)

L’économie turque a enregistré un taux de croissance de 7,4% au 1er trimestre de cette année par rapport au même trimestre de l’année dernière. Ce niveau est au-dessus de l’estimation des analystes qui tablaient sur une croissance de 7%. Il n’y a pas eu de révision des données de croissance des trimestres précédents. Selon les données corrigées des effets calendaires, le taux de croissance est de 7,2% en glissement annuel. Par rapport au trimestre précédent, selon les données corrigées des effets calendaires et saisonniers, le taux de croissance s’établit à 2%, après 1,7% au 4^ème trimestre 2017 et 1,2% au 3^ème trimestre 2017.

Le moteur principal de la croissance a été, comme prévu, la consommation domestique, alors que le résultat net de la demande extérieure a été très nettement négatif : les exportations ont enregistré une hausse de seulement 0,5% et les importations de 15,6%. Après une hausse de 6,6% au 1^er trimestre 2017, la consommation des ménages a affiché une hausse robuste au 1^er trimestre 2018, de 11% en glissement annuel. La hausse de la consommation publique a ralenti au 1er trimestre, à 3,4%, après 7,4% au trimestre précédent. Les investissements ont nettement crû de 9,7%, la construction enregistrant une nette hausse de 12,3%, après 4,8% au trimestre précédent. Les investissements en machinerie et équipements ont été robustes à 7%, bien qu’en dessous de leurs niveaux enregistrés au 3ème et 4ème trimestre, de 15,7% et de 8,3% respectivement. Selon l’approche production, la croissance du secteur industriel est restée élevée à 8,8%, soit le même niveau qu’au T4 2017. Les secteurs de la construction et des services ont enregistré des hausses respectivement de 6,9% (après 5,8% au trimestre précédent) et de 10% (après 9% au trimestre précédent). Enfin, sur les mêmes périodes, l’agriculture a affiché un ralentissement, passant de 6% au T4 2017 à 4,6% au T1 2018.

L'économie turque maintient ainsi son rythme de croisière après une croissance de 7,4% également en 2017, la plus forte depuis 2013, grâce notamment à l'industrie et à la construction.

Ces résultats ont été immédiatement salués par le président Recep Tayyip Erdogan, à deux semaines des élections législatives et présidentielle anticipées du 24 juin. "Nous sommes premiers au sein des pays de l'OCDE, et deuxième pays du G20" en termes de croissance, a-t-il tweeté. Dans un autre tweet, le ministère de l'Economie a estimé que la croissance pourrait dépasser cette année la prévision de 5,5% contenue dans le programme de moyen terme du gouvernement.

Mais de nombreux économistes mettent en garde contre un risque de surchauffe de l'économie turque, sur fond de croissance très élevée, d'une inflation galopante (à plus de 12% en mai) et d'un large déficit de ses comptes courants. Signe de l'inquiétude des marchés, la livre turque a perdu près de 30% de sa valeur face au dollar en un an. Elle a atteint un plus bas historique le 23 mai, s'échangeant brièvement à 4,9 livres contre un dollar. La faiblesse de la monnaie turque avait contraint la banque centrale à convoquer une réunion extraordinaire et à relever ses taux d'intérêt, rassurant légèrement les marchés qui appelaient cela de leurs voeux malgré l'opposition fermement affichée du président Erdogan à toute hausse des taux.

La croissance du premier trimestre "est antérieure aux remous récents des marchés financiers", souligne Capital Economics dans une note, prévoyant "un ralentissement abrupt" dans les trimestres à venir.

Pour en savoir plus : http://www.turkstat.gov.tr/PreHaberBultenleri.do?id=27826  

Sources : Service Economique de l’Ambassade de France, Türkstat, AFP et Reuters